Souvenirs d’aérographie

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Les plus jeunes d’entre vous qui suivez mon blogue n’aurez probablement pas connu la vague « airbrush » des années 1980, à l’époque très utilisé et en vogue dans le monde de l’illustration publicitaire et d’édition. Ce fut l’apogée de ce médium, qui précéda son rapide déclin au début de la décennie 1990, où il fut délaissé par les illustrateurs et graphistes au profit de l’apparition des nouveaux outils informatiques Photoshop et Illustrator. L’aérographe servait à réaliser des projets d’illustrations et fonds dégradés, générer des ombres portées floues pour les prêts-à-photo et effectuer des retouches de photos. J’avais utilisé cet outil de façon intensive de 1982 à 1995 avant de l’abandonner complètement en 1995 pour n’utiliser que des logiciels de création graphique. Voici un lien vers quelques unes de mes illustrations de l’époque 1982-1996.

Il suffisait de feuilleter des exemplaires des répertoires d’illustrateurs Creative Source ou Creative Black Book de cette période pour constater l’ampleur du phénomène « Airbrush ». La plupart des graphistes possédaient un aérographe dans leurs trousse d’outils de travail, mais peu l’utilisaient au maximum de ses possibilités. Ce fut donc une période faste pour moi et mes quelques collègues illustrateurs qui maîtrisaient ce merveilleux stylet à air comprimé. Il était particulièrement approprié pour donner des rendus très réalistes assez rapidement en comparaison à des médiums tels que l’huile ou l’acrylique aux pinceaux, plus lents à sécher, donc par le fait même apprécié par le monde de la publicité et ses délais très serrés – Eh oui, même à cette époque on « rushait » comme des fous pour livrer les mandats. 😉

Bref historique

L’aérographe fut inventé à la fin du 19ème siècle – vers 1890 – aux États Unis. Il fonctionnait alors à l’aide d’une pompe à soufflet qui fut rapidement remplacée par un compresseur électrique. Sa forme et son principe de fonctionnement ont très peu changé depuis. Le principe en est le même qu’un pistolet à peinture mais en beaucoup plus précis. Il a d’abord été utilisé pour la retouche de photos mais a rapidement intéressé des artistes tels que Vassily Kandinsky au début du 20ème siècle. Il a fallu attendre les années 1920 pour qu’il connaisse une véritable expansion et commencer son utilisation pour des affiches publicitaires. Les années 1950 ont terminé la démocratisation de ce médium et il fut à cette époque couramment utilisé dans le monde de la publicité et pour le dessin technique. Dans les années 1960, il fut moins utilisé dans les illustrations publicitaires au profit de la photo couleurs mais revint en force en Californie au début des années 1970 avec de nouvelles façons de l’utiliser et de nouveaux styles qui créèrent un engouement immédiat. Il fut entre autres très utilisé et prisé par les peintres hyper-réalistes américains des années 1970. Son «âge d’or » comme médium pour l’illustration et la retouche de photo publicitaire fut dans les années 1980 et il fut délaissé rapidement au début des années 1990 au profit des nouveaux logiciels de création numérique.

Une autre utilisation, qui est aussi la plus connue du grand public, est la peinture sur automobiles ou plus précisément sur des camionnettes et des réservoirs de motos. Cette forme d’art continue à engendrer un grand intérêt depuis les années 1970-1980. D’autres utilisations populaires de l’aérographe sont la peinture sur t-shirt et sur casques de vélo ou de moto. Il est aussi très prisé par les amateurs de maquettes-modèles réduits.

Fait à noter :  À part la vague hyper-réaliste des années 1970, le monde des «Beaux-Arts» n’a que très peu d’exemples d’artistes ayant utilisé l’aérographe. Il faut préciser qu’il est assez fastidieux à utiliser sur de grandes surfaces étant donné l’aérosol de pigments qu’il peut générer et qui peuvent provoquer des problèmes respiratoires s’il est utilisé à long terme sans un minimum d’aération et de protection.

Ici, la signature créée pour ma carte d’affaires de l’époque, réalisée en 1982.aerograf_f

Une des toutes premières pièces qui étaient destinées à mon portfolio.

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Un de mes mentors de cette époque fut David Willardson, un illustrateur californien ayant utilisé l’aérographe dans le courant des années 1970-1980. J’avais aussi été très influencé par les illustrations de Hajime Sorayama, sans oublier l’oeuvre fantastique de H.R Giger.

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Et pour terminer, une vidéo qui décrit bien le quotidien des graphistes avant la révolution « Photoshop »…

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